Après l’Argentine avec Mariage à Mendoza, c’est au Chili que m’a amenée No de Pablo Larraín, en 1988 très exactement, au moment où le micro-ondes est le dernier cri de la technologie et où les Chiliens s’apprêtent à voter au référendum portant sur la reconduction du mandat présidentiel d’Augusto Pinochet.
Gael García Bernal incarne un jeune publicitaire à succès qui remet en jeu sa vie de famille et sa carrière en apportant son aide pour la campagne de propagande du non, cause qui semble pourtant perdue d’avance.
No n’est pas un film à l’abord facile. Passons sur mes difficultés avec la VO en bonne germanophone que je suis (mais la langue est si belle que j’envisage sérieusement de rattraper mes lacunes hispaniques). Vous souvenez-vous des vidéos de vos premiers pas ou de votre petite soeur soufflant sa troisième bougie que tournaient vos parents ? C’est ainsi qu’est filmé No. L’effet produit ? L’impression de regarder un documentaire, entrecoupé d’images réelles de l’époque. Le rythme est par ailleurs assez particulier, avec un passage un peu longuet à déplorer, mais on peut difficilement le reprocher à un film qui parvient à développer tant d’idées sans jamais être bavard.
Pour travailler moi aussi dans la communication, j’ai été particulièrement sensible à l’approche ni caricaturale, ni manichéenne du milieu de la publicité. Gael García Bernal crève l’écran et est on ne peut plus crédible en hipster des années 80 à barbe et skateboard, avec le caractère un peu agaçant du créatif sûr de son talent, et à raison.
No n’est clairement pas un divertissement qu’on va voir pour se vider la tête. On en sort la tête pleine de réflexions sur la communication et la politique. Parmi les questions soulevées : les recettes qui font le succès de la publicité sont-elles applicables à n’importe quel domaine ? La chose publique, sujet sérieux s’il en est, peut-elle être traitée sous un angle léger et joyeux ? La victoire légitime-t-elle un passage sous silence du véritable message politique ?
D’autres thématiques sont abordées : les différences de convictions idéologiques dans le couple, les luttes de pouvoir et les liens complexes de codépendance et de rivalité entre un supérieur hiérarchique opportuniste et un jeune ambitieux qui monte, l’un ayant l’autorité et l’influence, le second la créativité et l’audace.
Je ne saurais conclure correctement cet article tant il y a de choses à dire sur No : trois jours après l’avoir vu, je ne suis pas encore sûre d’avoir assimilé tous les questionnements et les messages suscités par ce film dense et intelligent. Je n’aurais pas du faire l’impasse sur un débat animé autour d’un café qui s’impose après No. C’est sans doute pour pallier cela que l’on a équipé les blogs de la possibilité de laisser des commentaires !
J’ai entendu diverses choses sur ce film, mais il reste ds ma To do, surtout car Gael garcia Bernal est à l’affiche, et que je garde un grand souvenir de lui dans le rôle du Ché.
Ça a été un challenge en rédigeant l’article de donner envie de voir le film (qui mérite franchement d’être vu, et Gael García Bernal y est pour beaucoup) sans cacher qu’il y a des choses qui risquent de déplaire à certains (le rythme et la façon dont c’est filmé notamment, mais après tout les deux ne sont pas choisis au hasard). J’ai hâte de savoir ce que tu en auras pensé !
Le film se concentre-t-il sur les personnages principaux, les images d’archives illustrant la toile de fond, ou donne-t-il un éclairage sur les enjeux du référendum et sur l’histoire de ce pays ? Aurait-il pu être transposé facilement dans un autre contexte ?
J’adore Gael Garcia Bernal et je viens de gagner des places pour voir ce film, j’ai hâte!!! J’irai accompagnée et avec du temps devant moi vu ce que tu dis en conclusion ;o)
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Le film ne laisse certainement pas indifférent, donc qu’il plaise à ton accompagnateur/trice ou pas, il y aura sans doute discussion enflammée après
C’est justement le prochain film de ma liste! En même temps, je suis pas difficile, quand il y a Gael Garcia Bernal, j’aime d’avance…
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Ah mais aimer d’avance un film avec Gael García Bernal, ce n’est pas n’être pas difficile, c’est avoir un goût sûr
[...] ni facile d’accès : je l’ai aimé pour les mêmes raisons qui m’ont fait adorer No, à savoir toutes les pistes de réflexions qui en [...]