One doesn’t come to Italy for niceness, one comes for life

Lucy Honeychurch, jeune lady bien sous tout rapport à laquelle on ne peut reprocher que de trop jouer Beethoven, part visiter Florence sous la houlette de sa vieille fille de cousine. La société bien-pensante anglaise qu’elle retrouve à la pension qui les héberge la met en garde contre un père et son fils sincères et bien intentionnés, mais peu attachés aux conventions. De retour en Angleterre, elle se fiance avec un intellectuel hautain mais les souvenirs d’une Italie sensuelle et d’un baiser volé ne tardent pas à la rattraper.

C’est l’intrigue de la fable anti-moraliste du romancier britannique Edward Morgan Foster, Avec vue sur l’Arno, que j’ai lu en anglais et en ebook téléchargé sur le Projet Gutenberg (paru en 1908, A room with a view, son titre original, est en effet passé dans le domaine public).

J’ai une opinion mitigé sur ce livre. Les traits d’humour perdent de leur caractère spirituel par excès de cynisme, la critique sociale (avec une vision pourtant très féministe pour l’époque et prônant fortement plus de respect entre les différentes classes sociales ainsi que moins de xénophobie primaire) prend trop le pas sur le romantisme que j’attendais, et les métaphores sont trop évidentes pour flatter la perspicacité du lecteur. Les noms des personnages, l’opposition entre l’Angleterre étouffée par les préjugés et l’Italie exaltée, le parallèle avec les valeurs du Moyen-Âge par rapport à celles de la Renaissance, les paysages, jusqu’à la musique jouée par l’héroïne, absolument tout est prétexte à faire comprendre qu’il faut laisser les passions amoureuses s’exprimer.

Il y a néanmoins dans A room with a view un potentiel merveilleux pour un period movie réussi, notamment grâce à son cadre principal et sa galerie de personnages. J’ai donc voulu vérifier si, comme c’est souvent le cas en ce qui me concerne pour les adaptations de Jane Austen (époque différente, mais intention d’écriture semblable, à savoir utiliser une romance pour servir une satire sociale), je trouve plus de charme au film qu’au roman, souvent grâce à un supplément de charisme apporté par les auteurs, des décors enchanteurs ou des costumes d’époque.

L’adaptation de James Ivory date de 1986 et outre les dentelles à foison, la musique et le cadre enchanteur de Florence et de la campagne anglaise, elle nous offre un casting de rêve qui réunit 80% des meilleurs acteurs anglais de notre époque : Helena Bonham Carter à ses débuts, Maggie Smith qu’elle retrouvera dans la série Harry Potter, le regretté Denholm Elliott dont vous vous souviendrez pour son rôle dans Les Aventuriers de l’arche perdue et Indiana Jones et la dernière croisade, Daniel Day-Lewis dont la carrière est en pleine ascension fulgurante, ou encore Judi Dench.

Helena Bonham Carter quand elle ressemblait davantage à Hermione Granger qu’à Bellatrix Lestrange

Hélas, ce film soigné a les défauts de l’œuvre dont il suit à la lettre les dialogues, le rythme frustrant, les métaphores (un peu plus subtilement mises en scène nénamoins) et le découpage en chapitres, malgré la licence que lui autorise sa sortie au XXe siècle et qui permet fort à propos quelques scènes à la sensualité décomplexée.

Un peu plus de passion, que diantre ! N’est-ce pas ce à quoi nous invitait E.M. Foster ?

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