Remettre la littérature classique au goût du jour, quitte à changer Bel-Ami en coach en séduction, à faire envoyer des SMS au Swann de Proust (sans doute LE passage qui m’a le plus fait glousser) ou à inscrire les héros de romans sur des sites de rencontres, c’est le défi que s’est fixé Sarah Sauquet, professeure et co-créatrice de l’application Un texte un jour.
Mission accomplie avec La première fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement con. Que se cache-t-il derrière ce titre intrigant, cette couverture veloutée et ces illustrations très chics ?
Peut-on tirer des leçons des tragédies de Racine à l’ère du sexto et de la télé-réalité ? Guy de Maupassant et Victor Hugo ont-ils encore tout bon sur les relations sentimentales ?
Il faut reconnaître que certains “conseils amoureux”, notamment sur la fidélité, ne débordent pas de féminisme parce qu’ils portent la marque de la vision de la femme propre aux époques auxquelles les œuvres citées ont été écrites.
Pour le reste, force est de constater qu’en matière d’amour, les erreurs se répètent depuis des siècles en dépit des cas édifiants décrits dans les romans. Adultère, erreurs de castings par peur de la solitude, érotomanie, peur du râteau : tout est déjà dans Les Misérables ou la série des Rougon-Macquart.
A qui s’adresse La première fois que Bérénice vit Aurélien, elle le trouva franchement con ?
Ma foi, à tout le monde. En dépit d’une couverture très girly, Sarah Sauquet n’a pas commis l’impair de réserver l’ouvrage aux femmes et ces messieurs pourront eux aussi découvrir grâce à un test à quel héros de littérature ils ressemblent. Célibataire ou en couple, toutes les phases d’une relation depuis la quête d’une âme sœur à la vie en couple en passant par “l’abordage”, sont évoquées.
Que vos références littéraires soient du niveau de la sélection de La Pléiade ou que vous ayez revendu vos lectures obligatoires du collège à peine votre bac obtenu, dans tous les cas, vous refermerez forcément ce livre avec une forte envie d’en ouvrir un autre.
A noter que l’ouvrage se double d’une application gratuite Aurélien et Bérénice pour Android ou iPhone avec un éventail supplémentaire de textes toujours agrémenté des silhouettes déliées dessinées par James Dignan.
Merci à Sarah Sauquet et aux éditions Eyrolles qui m’ont fait parvenir cet ouvrage !
Aurélien est mon roman préféré, je le relis avec autant d’émotion qu’à mes 17 ans chaque année depuis dix ans, donc déjà je pars hyper préjudiciée sur le titre de cet “ouvrage” ! Et puis, en tant que prof de français, non non et non… la littérature classique n’a pas à être actualisée. Qu’elle soit élitiste, certes, mais qu’elle le reste !
Pour aller plus loin dans la réflexion, voici un article très bien écrit et pensé sur un blog qui se spécialise dans le traitement des femmes dans la fiction : https://womenandfictionblog.wordpress.com/2017/01/24/la-litterature-a-t-elle-quelque-chose-a-nous-dire-sur-lamour/
On y sent le regard éclairé d’une connaisseuse de la littérature et je me suis dit que ce serait une bien meilleure réponse à ce commentaire que celle que je pourrais donner, n’étant pas moi-même enseignante 🙂