Ma maman m’a toujours dit qu’une journée perdue, c’est un jour où on ne rit pas. De mon côté, j’ajouterais “et où on n’a rien appris”. Par exemple, savez-vous ce qu’est une parèdre ? Ne culpabilisez pas, je n’en avais pas la moindre idée non plus, jusqu’à ma visite au Musée Guimet dimanche dernier.
Une de mes sections préférées est celle consacrée au Népal, si riche en statuettes aux détails minutieusement sculptées, en personnages bigarrés issus d’imaginaires exotiques. Tout ce savoir au milieu duquel on peut bien plus facilement évoluer que dans la plupart des musées parisiens demande parfois un effort de recherche supplémentaire pour identifier les mythes derrière les sculptures. Les indications qui accompagnent les œuvres privilégient bien souvent le parcours d’acquisition aux dépens du contexte culturel.
J’ai décrypté pour vous quelques-uns des secrets de ces intrigants vestiges d’Asie !
La tour à visages du Bayon
Le Bayon est l’un des temples datant du XIIe siècle du site d’Angkor, au Cambodge. Dès l’entrée dans le Musée Guimet, on ne peut pas manquer la monumentale restitution d’une tour à quatres visages aux sourires à concurrencer celui de la Joconde, reconstituée à partir d’un moulage réalisé à la fin du XIXe siècle. Les spécialistes ont remarqué une ressemblance troublante entre ces faciès énigmatiques et les statues représentant Jayavarman VII, puissant roi Khmer et grand bâtisseur.
La maquette d’un palais chinois en ivoire
A elle seule, cette maquette aux allures de maison de poupées chinoises vaut la peine de se rendre au dernier étage du musée Guimet. J’ai tourné cent fois autour d’elle sans trouver de légende, c’est sur le Tumblr du Musée que j’ai retracé son origine : il s’agissait en fait d’un présent des autorités chinoises à la Cour de France entre le XVIIe et le XVIIIe siècle.
La stupéfiante ḍākinī dansante
Vue de dos, c’est une gracieuse danseuse. Vue de face, c’est une divinité à la mimique féroce issue du panthéon bouddhiste. Les sources d’information au sujet des ḍākinī sont nombreuses, d’une crédibilité parfois difficile à vérifier et pour compliquer le tout, leur rôle semble varier d’un pays à l’autre. Si j’ai bien compris, sa nudité symboliserait l’esprit à l’état sauvage, débarrassé de toute forme d’ego. Au Tibet, elles seraient les déités qui mettent à l’épreuve les yogis, gardiennes des enseignements dans leur intégrité et de l’accès au ciel.
La mythologie hindouiste est foisonnante et bien que cela ne semble pas facile au premier abord, je songe très sérieusement à l’étudier de plus près !
Les 10 diagrammes du Savoir Royal
En s’approchant de ces grandes plaques noires couvertes de symboles cabalistiques, tout ce qu’on apprendra c’est qu’elles ont été offertes à Jacques Chirac, grand passionné de culture asiatique qui avait inauguré le Musée, et qu’elles viennent de Corée.
Elles récapituleraient selon le site de l’agence photo de la Réunion des Musées Nationaux les principes philosophiques de Yi Hwan, érudit confucianiste ayant vécu au XVIe siècle. Une sorte d’équivalent du traité politique de Machiavel visant à l’éducation du Prince dont vous pouvez lire un résumé sur le site des Archives de sciences sociales des religions !
Le dieu Samvara et sa parèdre Vajravārāhī
Du tantrisme, il semblerait que les occidentaux que nous sommes n’ont retenu que les principes s’appliquant à la sexualité. Il faut dire que les représentations artistiques des principes tantriques sont pour le moins évocatrices…
L’union de Samvara et Vajravārāhī, par exemple, représente la béatitude atteinte par l’union du masculin et du féminin complémentaire, de la méthode et de la sagesse. Figurez-vous que Vajravārāhī est une des ḍākinī dont nous parlions plus tôt, quant au terme de parèdre, il évoque une divinité associée à une autre.
Quelques zooms intéressants sur la multitudes de superbes objets et figures qui peuplent ce musée.
Merci 😉
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