Alerte coup de cœur : je n’ai pas autant vibré pour un bouquin depuis Fangirl de Rainbow Rowell. Je tremble de vous livrer une critique qui ne soit pas à la hauteur de ses ambitions : vous donner une irrésistible pulsion d’achat pour ce livre.
Attachez vos ceintures, c’est parti.
Si la couverture ne vous attire pas l’œil comme il a ventousé le mien sur Netgalley, ma nouvelle source de découvertes littéraires (notons néanmoins qu’en version originale, John Lennon ne figure même pas dans le titre*), si le synopsis ne suffit pas à vous convaincre (le propriétaire d’un bar découvre dans son placard un moyen de traverser le temps. Sa question brise-glace favorite est la même que la mienne dans un de mes restaurants favoris aux murs couverts de pochettes de vinyles : si vous pouviez voir un seul concert du passé, lequel choisiriez-vous ?), si la playlist de l’auteure ne vous évoque rien, c’est que vous avez grandi en écoutant Skyrock et je ne peux rien pour vous.
Il me faudra alors vous faire miroiter d’autres arguments :
- c’est un livre de science fiction résolument féministe, dont le personnage principal est un homme, où les femmes ont d’autres problèmes dans la vie que conjuguer vie professionnelle et maternité, et ne sont pas définies par leur relation à leur compagnon. Suffisamment rare pour être salué.
- J’ai été tellement convaincue par le protagoniste mâle que j’ai longtemps crû que l’écrivain en était un. De mâle. Mais cela dit, je suis une femme. J’invite tout homme ayant lu le livre à confirmer ou infirmer mon impression dans les commentaires.
- Vous avez pleuré en lisant The time traveler’s wife (Le temps n’est rien en français) ? Je ne vous juge pas, moi non plus, et comme une madeleine, je le reconnais. Il faut sauver John Lennon c’est presque pareil, mais en plus rock’n’roll, et avec des personnages humains, auxquels on peut enfin s’identifier. Avec des tatouages, des rides, des bourrelets, des poils et des complexes, des mots qui sonnent vrais et des angoisses que nous avons tous. Pas de milliardaire sado-maso, pas de jolie fille qui devient une call-girl pour éponger les dettes de son papa et ne tombe que sur des types séduisants.
- Les thèmes principaux (les difficultés de la parentalité, les regrets, le deuil…) sont abordés avec justesse, sans jamais tomber dans le larmoyant. L’auteure maîtrise les métaphores et les comparaisons évocatrices.
- C’est traduit en français à la perfection (par Laurent Philibert-Caillat). Comment est-ce que je le sais sans avoir lu la VO ? On ne sent même pas qu’il s’agit d’une traduction.
- En dehors d’un léger essoufflement au milieu du roman, il y a ce qu’il faut d’imprévisible, de dialogues crédibles et de sentiments authentiques pour passer un des meilleurs moments de lecture que l’on puisse attendre de la décennie en cours.
Mais, répliquerez-vous, vous n’êtes pas fan de John Lennon ? Moi aussi j’ai toujours préféré le véganisme de Paul McCartney aux violences conjugales, et à l’instar des Barenaked Ladies, je refuse de blâmer Yoko pour la rupture des Beatles. Rien de tout cela ne vous empêchera d’apprécier à sa juste valeur cet excellent bouquin.
* Le titre original est en effet Every anxious wave, un extrait d’une chanson de Sebadoh, le groupe préféré de Mo Daviau
Un grand merci aux éditions Les Presses de la Cité pour m’avoir permis de lire cet e-book.