Rose-thé et gris-souris, la vie pas si plan-plan d’une comptable de supermarché

Gertrude est comptable dans un supermarché de La Réunion : si vous vous interrogez sur le titre de ce roman, il s’agit de son dress code quotidien. Dégage est un chien errant qui a brutalement perdu son clan après un festin dans le supermarché précité.
A priori, rien ne devrait les rapprocher, surtout que Gertrude a horreur des chiens. A priori.

Je ne m’attendais pas à une si bonne surprise en achetant ce court e-book dans le cadre de la grosse OP Bragelonne (une sélection de livres électroniques à 0,99 €, comment ne pas craquer ?). Si vous êtes familiers des éditions Milady, vous savez sans doute qu’elles se spécialisent dans la fantasy et les livres romantiques : dans le cas de Rose-thé et gris-souris, c’est bien d’une romance qu’il s’agit, mais qui ne tombe jamais dans la niaiserie.

Gertrude l’héroïne à l’humour pince-sans-rire, son patron, le chien qui refuse de la lâcher, ses collègues à la machine à café, sont tous des personnages atypiques aux névroses affectives abordées sans clichés.

Pas de sensiblerie dans le traitement des sujets les plus graves en filigrane de ce roman (la maladie, les préjugés, la condition animale), mais une émotion d’autant plus réelle qu’elle n’est pas forcée. On trouve le “love interest” de l’histoire séduisant non parce qu’on nous répète toutes les cinq minutes qu’il est sexy (travers regrettable de nombre de romances actuelles), mais parce qu’il a une véritable profondeur, un charme subtil qu’on découvre progressivement en même temps que Gertrude.

Le style est un joyeux mélange d’expressions familières et de métaphores bien trouvées qui a le mérite de n’avoir été copié sur personne, et fait mouche sans superflu.

Pas mal pour un bouquin que Marie-Catherine Daniel, écrivain éclectique qui donne aussi bien dans le roman jeunesse que dans les nouvelles, dans la fantasy comme dans la poésie, a écrit dans la voiture pendant les cours de chant de sa fille !