Iki : la sophistication au Japon, ça ne s’improvise pas !

Il y a de cela quelques mois, je vous ai parlé d’ouvrages sur les geisha, dont celui de la seule occidentale qui a compté parmi leurs rangs, Liza Dalby, et qui raconte son expérience. Un passage de son livre m’a réellement marquée : le chapitre sur le concept “Iki”, dont je n’avais jusqu’alors jamais entendu parler.

Liza Dalby le définit comme “un certain type de chic”, “un sens audacieux et pourtant séduisant du style qui implique toute une philosophie de vie“, “une fusion entre les émotions humaines et les idéaux esthétiques“, les geisha étant les “héroïnes”, le meilleur exemple de cet idéal culturel.

Il est intéressant de noter qu’être iki s’oppose à être kawaii (mignon, adorable). C’est de sophistication dont on parle : le juste milieu entre la vulgarité des prostituées (en japonais, yujo) et l’excès de modestie des femmes au foyer (théoriquement, la geisha a pour profession de distraire l’homme par son art, ce dont seraient incapables les femmes au foyer, trop occupée à tenir la maison et garder la marmaille). Ni trop, ni pas assez de maquillage, un érotisme et une sensualité suggérés dans les vêtements et l’attitude, mais sans faire étalage de leurs charmes, et surtout, une élégance simple.

Pour être iki, on se doit d’être sophistiquée, mais pas blasée ; innocente, mais pas naïve ; sincère, mais sans la dévotion aveugle de la jeunesse ni la ferveur due à l’inexpérience. Une yujo vendra sa loyauté comme elle vend son corps. Si vous gagnez la loyauté d’une geisha en revanche, elle est indéfectible, raconte Liza Dalby.

Pour être iki, il faut avoir connu l’amertume aussi bien que la douceur de l’amour. C’est pourquoi peu de jeunes personnes ont cette qualité : on ne naît pas iki… On le devient !
Être iki, c’est travailler son image jusqu’à ce que l’apparence créé la réalité, et par conséquent, préserver son image à tout prix. Une geisha avare, c’est une antinomie ! Mais surtout, la geisha investira beaucoup de son temps, de son énergie et de son argent dans son art et ses spectacles. Quitte à ce que cela ne lui rapporte rien, voire que cela l’endette.
Ca, c’est le summum de l’iki.

Fascinant, non ?

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5 commentaires

  1. Tu as raison, c’est fascinant… ça m’intéresse, d’ailleurs… Mais à part ça, Camille, t’es tu mise à aimer la bière avant d’aller en Allemagne? (J’aime les débats d’idées à la con, que veux-tu). Bon je vais chercher des infos sur le concept iki.

  2. Les soirées beuverie-bière à l’allemande, c’est pas très iki-concept…

  3. Ah oui, je n’ai pas attendu l’Allemagne pour apprécier la bière. Mais c’est vrai qu’on savoure mieux une bière fraîche assis dans un Biergarten au bord du Rhin… Lodi, c’est vrai que dans un premier temps, j’ai pensé comme toi… Mais à la réflexion, les geisha officient dans des banquets où l’essentiel de leur travail consistait, entre autres, à servir du sake. Les japonais ne sont pas mal non plus dans le genre beuveries. Je suppose qu’il y a tout un art de rester iki dans une soirée alcoolisée 😉

  4. Fascinant… j’ai déjà ajouté a toute ma liste cadeaux tes bouquins sur les geisha lol…maintenant faut que je me mette aux iki

  5. Iki : la sophistication au Japon, ça ne s’improvise pas ! http://t.co/eJQOb0dy via @Twitescape

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